VADE-MECUM DU FONDS EN EURO

Le fonds en euro est le placement star des épargnants depuis de nombreuses années. Toutefois, la tendance structurelle est à la baisse de son rendement moyen depuis la crise financière de 2008.

 

Quelles en sont les raisons, et quelle pourra être l’évolution future ?

 

Avant d’entrer dans le détail rappelons que le fonds en euro, juridiquement, profite :

  1. d’une garantie totale en capital de la part de l’assureur, cette garantie étant quotidienne (différence avec l’EuroCroissance),
  2. d’un effet de cliquet impliquant que les gains annuels sont définitivement acquis à l’assuré.

 

Pour bien comprendre la baisse du rendement, il faut comprendre comment ce rendement est constitué.

Un fonds en euro de compagnie d’assurance est constitué en moyenne de 80 % d’obligations, le reste étant partagé entre les différentes autres classes d’actifs, à savoir : les actions, la liquidité, et l’immobilier. Le rendement même du fonds est principalement composé des revenus de ces différents actifs, c’est-à-dire essentiellement des coupons d’obligations, des dividendes d’actions et des loyers pour l’immobilier.

 

Or, depuis 2008 et la crise financière, le taux de rendement des obligations a fortement chuté, lié à la faiblesse de la croissance et à une inflation au plus bas. Ainsi, la rémunération actuelle des emprunts d’états (actif principal des fonds en euro pour leur supposée sécurité) est très faible (par exemple l’emprunt à dix ans français est à 0,80 % à l’heure où nous écrivons).

Cette baisse s’explique essentiellement par les politiques des banquiers centraux et leurs programmes d’achat d’actifs qui entraînent les taux d’intérêt à court terme à des niveaux historiquement bas. Ainsi, les assureurs sont conduits, aujourd’hui, à faire l’acquisition d’obligations d’état ayant un rendement très faible et voient, par ailleurs, dans leur portefeuille les anciennes obligations ayant des rendements bien plus importants arriver à échéance et être remboursées.

A ces contraintes purement financières s’ajoutent également des contraintes réglementaires liées aux réformes réglementaires et notamment à Solvency II, qui conduit les assureurs à augmenter la part de leurs investissements investis en obligations d’état, car ce sont les moins coûteux en fonds propres.

 

Quelle évolution pour demain ?

 

La composante structurelle des fonds en euro conduit à penser que l’évolution future se fera à la baisse pour de nombreuses années encore. Il convient donc, à ce jour, de s’interroger sur la nécessité – afin de préserver un rendement suffisant- de délaisser une partie du fonds en euros en faveur d’autres supports d’investissement plus risqués et plus rémunérateurs.

Seule l’adéquation entre la durée du placement et le niveau de risque encouru et accepté doit être prise en compte.

 

Concluons que si d’ordinaire il est de coutume de penser que le seul risque d’un fonds en euros est la faillite de l’assureur, au titre d’une éventuelle perte en capital, il nous semble utile de ne pas négliger un risque de liquidité qui demain pourrait se faire jour sur ces fonds. En effet, si les rendements étaient orientés durablement et fortement à la baisse, les assureurs pourraient être contraints, en fonction des demandes de rachat des clients, de solder les obligations détenues à perte et pour éviter toute mise en danger de la compagnie d’assurance, de bloquer un certain nombre de rachats.

Nous n’en sommes pas à ce stade, mais cette hypothèse doit faire partie de notre grille d’analyse dans notre mission d’assistance et de conseil auprès de nos clients.

 

Achevé de rédiger le 03/12/2015

Laurent PIERSON